Grand Orgue de la Basilique Notre-Dame-des-Tables à Montpellier
(Hérault)

Buffet en noyer, style rocaille, de l'orgue Dom Bedos / Puget de ND des Tables à Montpellier

37 jeux, 3 claviers, pédalier

Bref historique :

~1751 : Construction de l'orgue pour l'abbaye de Saint-Thibéry
       (à une cinquantaine de kilomètres au Sud-Ouest de Montpellier),
       attribuée à DOM François BEDOS DE CELLES, celui-ci étant moine de l'abbaye à cette époque.
1782 : restauration par Jean-Pierre CAVAILLÉ.
Après la Révolution, la paroisse de Notre-Dame-des-Tables, reconstituée dans l'église des Jésuites, était à la recherche d'un orgue pour ses cérémonies. Elle jeta dans un premier temps son dévolu sur celui de l'abbaye de St-Guilhem-le-Désert, celle-ci sut défendre son bien (voir l'historique).
1806 : installation de l'orgue de l'abbaye Saint-Thibéry à ND-des-Tables.
1846 : restauration par le facteur montpelliérain Prosper MOITESSIER.
1884 : mise au goût du jour par la Manufacture Théodore PUGET & Fils
       le Positif prend alors place dans le grand corps de buffet,
       reconstruction des sommiers, de la mécanique, de la soufflerie, du matériel sonore
       avec réutilisation d'un certain nombre des tuyaux d'origine.
       Le buffet, alors peint en vert clair avec sculptures et moulures argentées (cf. dans le même
       genre, un autre Dom Bedos : Ste-Croix de Bordeaux)
, fut gratté et teinté couleur noyer clair.
1934 : ajouts de deux jeux à chaque claviers et trois à la Pédale
       et installation d'un ventilateur électrique par Maurice PUGET.
1974 : relevage et remplacements de jeux par Léopold TROSSEILLE et Bertyl SOUTOUL.
1987 : nettoyage du Récit par Bertyl SOUTOUL.
A l'heure actuelle, l'orgue est entretenu par le facteur toulousain Gérard BANCELLS, auteur de l'orgue de l'Institut Catholique à Toulouse. On lui doit la tierce et le plein-jeu du Positif, l'octave aiguë du Clairon du GO et la remise en état de la Flûte Harmonique du GO en 1994-1995.

Protection :
    Le buffet et l'essentiel des jeux anciens (Dom Bedos, Moitessier et certains de Puget) ont été classés M.H. en 1975.

Composition :

I : Grand-Orgue
56 notes (C-g''')
II : Positif expressif
56 notes (C-g''')
III : Récit expressif
56 notes (C-g''')
Pédale
30 notes (C-f')
     
Montre 16'
Bourdon 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Flûte Harmonique 8'
Prestant 4'
Doublette 2'
Fourniture progressive IV-VII
Cornet V
Bombarde 16'
Trompette Harmonique 8'
Clairon 4'
Principal 8'
Bourdon 8'
Kéraulophone 8'
Flûte 4'
Nazard 2'2/3
Doublette 2'
Tierce 1'3/5
Plein-Jeu III
Trompette 8'
Clarinette 8'
Bourdon à cheminée 8'
Flûte Harmonique 8'
Viole de Gambe 8'
Voix Céleste 8'
Flûte Octaviante 4'
Flageolet 2'
Trompette Harmonique 8'
Clairon 4'
Basson-Hautbois 8'
Voix Humaine 8'
Contrebasse 16'
Soubasse 16'
    (emprunt GO)
Flûte 8'
Bombarde 16'
Trompette 8'

Traction des notes mécanique, directe pour le Récit, assistée d'une machine Barker pour le GO et le Positif
Tirage des jeux mécanique
Console en fenêtre

Accouplements et combinaisons :
Accouplements : Pos/GO, Réc/GO, Pos 16/GO, Réc 16/GO
Tirasses : Tir GO, Tir Pos, Tir Réc

Trémolo Récit et Positif
Pédale d'Orage

Appel GO
Appels d'anches Pédale, GO, Positif, Récit

Tempérament égal à LA 435

Pressions de 170 mm d'eau pour le Récit et le Positif, de 120 mm d'eau pour le GO et la Pédale.

À noter :
     L'instrument se compose de 650 tuyaux de Dom Bedos, une centaine de Moitessier, plus de 800 de Puget (1884) + quelques uns de Cavaillé et de Maurice Puget.
 
     « Une merveille ! » selon les termes de ceux qui ont connu l'orgue encore en état de bon fonctionnement.
 
     D'aucuns rêvent de restituer la parure vert et argent originelle du buffet attribué à Dom Bedos, buffet qui, rappelons-le, a été créé pour un autre lieu, l'abbaye de Saint-Thibéry. Personnellement, je m'interroge sur l'effet que produirait une telle remise en peinture dans le majestueux décor de l'église de Notre-Dame-des-Tables constitué de marbres rouges, roses et blancs, rehaussés de filets d'or patiné. La question s'était visiblement déjà posée à la réfection de l'orgue dans les années 1880, et la réponse qui a été alors apportée avec cette mise à la teinte noyer foncé semble, à mon avis, plus traduire un souhait d'harmonisation avec les tonalités des boiseries de l'église qu'une simple mise au goût du jour "romantique". Force est de constater que la teinte qu'on admire aujourd'hui ne manque pas de noblesse. « Les goûts et les couleurs »...
     Quant à la partie sonore, il pèse toujours sur elle la menace d'un hypothétique et hasardeux retour à l'instrument Dom Bedos fantasmé. Pourtant, ce serait renier tant l'historicité que la beauté de l'orgue actuel : nous avons ici un témoin majeur et magnifique de l'Art de Théodore Puget et (surtout) son fils Eugène, dans la grande période symphonique de la dynastie, qui a vu naître les sublimes [et aujourd'hui justement célèbres] instruments des églises de St-Vincent à Carcassonne (1875) et de la Dalbade à Toulouse (1888). La composition de l'orgue de Notre-Dame-des-Tables n'est d'ailleurs pas sans rappeler celle d'un autre somptueux instrument conçu par Eugène Puget quelques années plus tôt : celui de Notre-Dame-du-Taur à Toulouse (1880).
     Montpellier possède là un trésor de la même envergure qui mériterait les plus grands égards.

    L'Association pour la Restauration des Grandes Orgues de Notre Dame des Tables (A.R.G.O.N) travaille à maintenir l'orgue en état de fonctionnement et à obtenir de la Municipalité, propriétaire, de l'Etat et des collectivités locales le financement de sa restauration.

Sources :
Panneaux sous la tribune, citant l'Inventaire des Orgues du Languedoc-Roussillon, lui-même s'appuyant sur l'article du Père Chazotte, « L'orgue de Notre-Dame-des-Tables » in Le courrier de Notre-Dame-des-Tables, 1975.


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