Parmi tous les instruments de musique, l'orgue est
celui à qui s'applique le plus grand nombre de superlatifs(1) :
c'est le plus grand, le plus imposant, le plus puissant, le plus complexe,
peut-être même le plus abouti, sans conteste le plus cher (comptez
un peu moins d'une dizaine de milliers d'euros par jeu) des instruments de musique
; c'est aussi celui qui offre la plus large variété de timbres.
Ce qui est encore plus beau, c'est que tous(2)
les orgues -s'ils se ressemblent pour le profane- sont différents
en style, buffet, composition, sonorité...
Ainsi c'est à ce titre qu'on dit de l'Orgue
qu'il est "le Roi des Instruments". Mais il en est devant lesquels même
le profane conviendrait de la véracité et de la justesse
de ce titre pompeux ; des instruments incarnant le
sommet de l'Art de la facture d'orgue, merveilles
dont le renom a dépassé les frontières et dont les
noms font rêver tous les organistes et amateurs d'orgues,
de splendides instruments dont les tribunes sont devenues avec leur création
de véritables lieux de pèlerinage !
Quelles sont donc ces Sept Merveilles de la Facture
d'Orgue ?
La première d'entre elles est, sans
aucun doute, celle qui reçut le jeune Mozart et qui fut également
touchée par Haendel, Mendelssohn et tous les grands noms de l'orgue
depuis 1738. Son buffet au bois teinté de rouge profond et aux dorures
scintillantes est le (ou un des) plus beau(x), harmonieux, grandiose(s)
et sublime(s) jamais construit(s) (>> deux photos).
Ce magnifique instrument n'est autre -vous l'aurez deviné-
que le fameux 32 pieds en montre de Christian Müller
installé à St. Bavokerk de Haarlem, Pays-Bas.
Le somptueux buffet renferme un merveilleux instrument(3)
qui encore aujourd'hui semble laisser un souvenir impérissable(4) à tous ceux
qui ont eu le privilège d'y jouer.
Quelques liens pour vous instruire : "Voyages
of Discovery" par S. Bicknell, quelques
photos de Christine Kamp, d'Aarnoud
de Groen, et le
site de son titulaire (avec des extraits musicaux).
Ensuite je parlerais bien de l'authentique G.
van Hagerbeer (1639-46) / F.-C. Schnitger (1722-25)
de St. Laurenskerk d'Alkmaar, Pays-Bas, restauré par
Flentrop (1982-86). Pour celui-ci, le contenu est bien plus fascinant et
énigmatique que le contenant, bien qu'une impressionnante solennité
émane de ce buffet conçu autour du Nombre d'Or...
En 1725, cet orgue fut le premier à être accordé
au tempérament égal aux Pays-Bas (ce qui, à coup
sûr, lui permit d'arriver sans encombre jusqu'à nous).
Par sa conception originale, il offre une intéressante
alternative aux orgues de l'époque, une approche différente
de celles de G. Silbermann, Müller ou Hildebrandt(5).
Une excellente
étude de S. Bicknell vous permettra de mieux connaître cet illustre
instrument, que vous pourrez admirer aussi sur ce site et cet autre* en français,
sur celui de la Grote Sint Laurenskerk ou encore sur
celui-ci et celui-là qui rassemblent de superbes photos.
Construit de 1737 à 1750, le grand orgue J.
Gabler de l'Abbaye de Weingarten, au Sud de l'Allemagne, est une
véritable merveille visuelle et sonore. Ce grandiose monument de
la facture d'orgue est célèbre avant tout pour son fantastique
buffet baroque qui constitue une réelle
réussite technique. Déjà sa façade enveloppe
six baies vitrées et premier miracle : sur les ~300 tuyaux qui
la composent, seuls 8 sont chanoines ! Au sommet de l'ensemble de 32' en
montre, semble flotter, aérien, le positif de couronne "Kronpositiv",
et deuxième miracle : ce n'est pas juste pour faire joli, c'est aussi
un plan sonore(6)
! Et deux étages plus bas, on trouve une magnifique console indépendante,
une des premières en Allemagne.
Plus que ces louables exploits(7),
le luxe des matériaux et
l'exubérance baroque du décor ont grandement contribué
à la renommée de ce fabuleux instrument : console finement
marquetée, tirants de jeux en ivoire, tuyaux de la Querflaut du
Brustpositiv en merisier tourné, ceux du Flageolet en ivoire massif(8), et avec ça,
des carillons (= Glockenspiel) en forme de grappes de raisin ! Sa composition
n'en est pas moins spectaculaire(9)...
Le matériel sonore est d'une grande qualité, et d'une
grande variété avec ses fonds
innombrables, ses jeux ondulants, ses mixtures richement fournies, ses
"Piffaro", ses Cornets VIII-XI, et ses nombreux accessoires
dont l'incroyable Force(10).
Cependant, notez la rareté des anches pour un orgue d'Allemagne
du Sud ; mais le mélancolique chant de la légendaire Vox
Humana nous console largement. Le mythe est encore amplifié
quand on sait que l'instrument semble avoir été conçu
autour du chiffre 6 (la bête) avec son buffet qui englobe 6 baies
vitrées, ses 6 plans sonores, ses 66 registres et ses 6.666 tuyaux...
N'oublions pas la restauration admirable par Kuhn en 1981-1983.
Cet
ensemble est, et restera, unique et inégalé.
Voici donc une
composition détaillée, un
superbe site à visiter absolument et son équivalent
francophone*, et encore le site de Kuhn ;
un
autre pour flâner dans la ville de Weingarten et enfin
celui de l'abbaye.
Remarquez que toutes ces merveilles nous sont nées
au XVIIIe siècle. Cependant, le XIXe a laissé, lui aussi,
de célèbres représentants. Ainsi l'orgue F.-H.
Clicquot (1781) / A. Cavaillé-Coll (1862)(12)
de l'église St-Sulpice à Paris est un magnifique, et lui
aussi authentique, instrument typiquement français, alliant tradition
(Clicquot) et renouveau (Cavaillé-Coll). Ce gigantesque instrument,
surtout marqué de l'empreinte du génie de Cavaillé-Coll,
fut en son temps le premier "cent jeux" de France, et le troisième
en Europe avec ceux de Ulm et Liverpool. Grâce à l'humilité
de ses organistes titulaires, ce chef-d'oeuvre de l'époque "romantique
/ symphonique"(13),
nous est parvenu intact.
Pour tout savoir sur lui : un
site complet*, une page détaillée richement illustrée,
des compositions
et un historique, de
la musique*, une photo
du buffet de Chalgrin [« Peau de Chalgrin » pour ses détracteurs] et
une encore autre photo.
Autre merveille française, l'orgue historique
(1772) de la basilique de St-Maximin la Ste-Baume. Le chef-d'oeuvre
de J.-E. Isnard, superbement préservé, s'inscrit
dans la meilleure tradition de "l'orgue français classique".
L'originalité de l'instrument réside dans son IIIe clavier,
"Clavier de Résonance", qui fait office de Pédale, clavier
de Bombarde et clavier d'Echo (et permet ainsi d'économiser quelques
tuyaux graves -les plus chers-) (14) !
Autre particularité, un G.O. résolument pensé en 16 pieds,
excluant les harmoniques usuels du 8 pieds. On y trouve ainsi un Grand Jeu de Tierce
(le dernier témoin authentique en France), et un Plein-Jeu aux résultantes
de 16' et 32'.
Mais ce qui fait la renommée de St-Maximin est sans conteste sa fabuleuse
batterie d'anches : 14 en tout dont 2 en chamade.
On s'accorde à dire que personne d'autre qu'Isnard n'a jamais possédé une
telle maîtrise dans la facture des jeux d'anches(15).
Chacun d'eux est doté d'une couleur propre : aucune
trompette n'a le même caractère.
Un
peu d'histoire et la composition, une page détaillée avec de belles photos, le site
du titulaire Pierre Bardon*, et une documentation
plus fournie avec extraits musicaux* à ne manquer sous aucun prétexte !
D'autres suggestions m'ont été aimablement
communiquées :
- l'orgue Cavaillé-Coll de St-François
de Sales à Lyon, France. Construit par Aristide Cavaillé-Coll en 1880. Harmonisé
par F. Reinburg. Il comprend 45 jeux sur trois claviers / pédalier. «Il
est resté intact au travers des siècles grâce aux titulaires
de cet orgue depuis plus de 110 ans qui ont veillé à la conservation
rigoureuse de cet orgue dans l'état d'origine. Certainement l'un des trois plus beaux Cavaillé-Coll en
France avec Caen et Rouen.» Aussi je vous renvoie à
cette
page qui présente l'instrument, ainsi qu'à la belle discographie de son titulaire, et notamment :
Louis Robilliardà l'orgue Cavaillé-Coll de
l'Eglise Saint-François-de-Sales, Lyon, Festivo FECD 138,
enregistrement
1994.
- l'impressionnant orgue de St-Eustache à
Paris «avec son timbre original et inimitable». Ses 8000
tuyaux en font le plus grand orgue de France. Son buffet fantastique et foisonnant
dessiné par l'architecte Baltard est déjà une merveille à lui seul, comme
me le confirme un internaute : «Ceux, nombreux, qui ne sont pas mélomanes
(dont moi), trouvent le buffet somptueux... et comme l'intérieur n'est pas si mal ;-) ,
cela fait beaucoup !!».
Vous pouvez visiter le site
du facteur, le
site de l'ARGOS*, et vous attarder sur les
compositions, la
page d'A.Pietrini* et des photos (en "relief" pour certaines)*... et encore
une belle
page* (avec des photos superbes) et ici
une photo panoramique,
on ne s'en lasse pas !
- l'orgue de Château-Salins, reconstruit
en 1960 par Haerpfer-Erman, restauré et réharmonisé
par Michel Gaillard, il constitue un bel exemple de la facture néoclassique
/ néobaroque en France : «Un orgue fantastique qui permet
l'interprétation de la quasi totalité de la littérature pour
orgue, ceci grâce à l'immense talent du facteur Michel GAILLARD !»
m'écrit Johann VEXO, «un titulaire heureux !»Pour en savoir plus sur cet instrument...
- l'orgue Grenzing de St Michel et Gudule, Bruxelles, Belgique,
2000, 68 jeux posaun 32' à la pédale, 4 claviers. Titulaire: Josef Sluys.
Quelques photos et dessins sur les pages de
l'architecte et de
l'association*,
et sa composition*.
- l'orgue Schumacher de l'Eglise St-Jacque de Bealen, Liège, Belgique,
3 Claviers, Pedalier, 33 Jeux, Temp: mésotonique
Orgue renaissance anonyme restauré en 1998
organiste titulaire: P.Thimus.
Une photo,
des photos,
et le site officiel*.
- le grand orgue de l'université de
Yale (New Haven, Connecticut, Etats-Unis) 4 claviers, 166 jeux, «réalisé quasiment entièrement par
Ernest Skinner au début du siècle. C'est un modèle d'équilibre pour une
composition ultra-symphonique que nous n'avons pas la chance de posséder en europe.»Une photo.
- le Kleuker/Steinmeyer 1989 de la Tonhalle à Zurich, Suisse,
«orgue de salle de concert superlatif, dans ses couleurs extrêmement riches unique,
tailles des flutes et principaux de génie (Nikolaus Blonigen,harmoniste),
un orgue grandiose et émouvant à la force lyrique impressionnante.»
Voir sa composition sur ce beau site*.
- Le grand orgue Dominique Oberthür 1986 de la cathédrale d'Auxerre.
«Il comprend 47 jeux (IV/P) dont deux de 32 pieds en pédale et un clavier de
grand choeur composé uniquement de jeux en chamades. Le facteur a repris la proposition que
Cavaillé-Coll avait envisagée pour le grand orgue de Saint Pierre de Rome. La localisation de
l'orgue est étonnante : dans une chapelle latérale de la nef. Le buffet, de dimension modeste,
surprend par le nombre de tuyaux en chamades en façade. L'ensemble produit une masse sonore
très intéressante.»Sa composition,
une photo*,
des photos
et de superbes MP3, le site du facteur
avec des extraits musicaux* et la notice sur l'orgue monumental projeté pour la basilique de
St-Pierre de Rome*.
- L'orgue de Karl Joseph Riepp à Dole.
« Comment ne pas avoir cité ce magnifique instrument, remanié
au 19e certes, mais qui convient tellement bien à la musique française ? » Effectivement, toutes mes excuses d'avoir omis ce monument de la facture française construit en 1750 par
Riepp. Retouché en 1787 par François Callinet (renouvellement des anches), et
agrandi en 1830 et 1855 par Stiehr & Mockers (grand Récit et nouvel Echo, mais
conservation de l'essentiel du matériel et de l'harmonie), il reste miraculeusement
préservé de toute dénaturation. Cet instrument demeure
un « précieux témoin de l'art classique de la facture d'orgues en France ». Des photos et sa composition sur cette belle page* ; bref historique (et composition -avant restauration-) sur
cette autre ; et une photo.
- La Porta(Haute-Corse), église St-Jean-Baptiste (paroissiale),
non-classé "orgue historique".
Description: 1 cl. 45 n., 7 jx - Benedetto Marracci, o.s.f., Rogliano, 1780, rest. 1965/87
Barthelemy Formentelli (Verona).»
« Juste histoire de suggérer que beau n'est pas synonyme de grand ! » Quelques mots et une photo sur la
page consacrée à Jacques Chailley.
- Le nouvel orgue Bartolomeo Formentelli de S. Maria Degli Angeli,
Rome, Italie. Le facteur (promu « Facteur d'orgues du Pape » suite à
cette réalisation), le projet, et les extraits musicaux de l'inauguration
sur la page du SCPOP.
- le Cavaillé-Coll de San Vicente à
San Sebastian, Espagne. Construit en 1886 (ou 1868 ?), cet orgue
avec celui de la basilique voisine Santa Maria del Coro (1863) figurent parmi les plus
authentiques chefs-d'oeuvre du génial facteur qui nous soient parvenus.
Ils nous rappellent aussi que Cavaillé-Coll ne se limitait pas au marché
français : près du quart des instruments sortis de ses ateliers, soit ~150,
furent vendus à l'étranger. À noter que San Sebastian se situe
à moins de 25 km de la frontière... Voir sa composition sur cette page ou cette autre (avec historique)*
- Y parle-t-on du même orgue ?!! - Pour celui de Santa Maria, on trouve composition avec photos, et une jolie photo.
Et pour ceux qui sont tombés sous le charme de cette région, visitez
le site
suivant qui présente quelques uns de ses orgues, dont d'autres
célèbres Cavaillé-Coll.
- l'orgue Henri Müseler de l'église
St Victor de Glons, Belgique, construit en 1757.
Cet instrument compte 24 jeux sur 2 claviers et pédalier.
Orgue classique Liègeois restauré en 1981 par la
Manufacture d'orgue
Thomas de Ster-Francorchamp*.
- l'orgue de l'église Saint-Maurice de Domgermain(Meurthe-et-Moselle) construit par Charles Cachet en 1720.
«Cet orgue magnifique construit par Charles Cachet en 1720 possède
19 jeux répartis sur trois claviers, un Positif et un Grand-Orgue de 48 notes,
un écho de 25 notes, avec le Cornet V rgs en permanence ainsi qu'un pédalier
"à la Française" en tirasse permanente sur le Grand-Orgue. Cet orgue possède
aussi un accouplement Positif/Grand-Orgue par tiroir. Ce petit instrument que j'ai pu jouer
possède des jeux vraiment fabuleux, une trompette brillante et éclatante, un
cromorne cruchant, une flûte 4' merveilleuse, des bourdons et des montres splendides.
C'est un orgue qui a échappé au massacre et il mérite vraiment que
l'on parle de lui !!!», note Yves Masson.
Pour le découvrir :
le site de l'association
des amis de l'orgue* ou encore ma page.
- l'orgue Jean-André Silbermann (1761) d'Arlesheim
en Suisse. Cet orgue fut rendu célèbre notamment par l'enregistrement
de l'intégrale de l'oeuvre pour orgue de J.-S. Bach par Lionel Rogg.
En voici la composition + l'historique.
- l'orgue de Nivilac(Morbihan)
restauré par Yves Sévère en 1990.
«C'est toujours aussi passionant un orgue quelqu'il soit y compris
dans les endroits les plus reculés de France et de Bretagne».
- l'orgue Stahlhut 1912 de Saint-Martin de Dudelange
au Luxembourg.
«Cet orgue de trois claviers avec une soixantaine de jeux,
constitue une innovation du point de vue composition à cette époque.
Stahlhut réussit à faire une symbiose du style romantique allemand et
symphonique français tout en intégrant des éléments anglais,
et créa ainsi un instrument aux couleurs très diversifiées...des jeux gambés aux principaux,
et surtout le Bourdon et la Flûte dits "séraphon" !
Notre instrument fait actuellement l'objet d'une rénovation et d'un agrandissement,
dans le sens des 2 styles, avec surtout adjonction d'un 4. clavier Bombarde avec un Cor de nuit
8' et une batterie complète de chamades avec une chamade en quinte !
Superbe instrument qui mériterait d'être plus connu, il y aurait encore beaucoup de trucs
intéressants à raconter... !» m'écrit Patrick Faé.
Une
visite s'impose !
Je suggère également un petit détour
par la page
qui présente le disque de N. Hakim.
- l'orgue de la Cathédrale Notre-Dame de
Paris. Cet orgue mythique est en quelque sorte la vitrine de la facture française
(« était » reprendront certains...). Ainsi, depuis que
Paris rayonne, il se doit de donner le ton et, en conséquence, de
profiter des dernières avancées techniques et de s'adapter
aux modes passagères... Mais cette course à la nouveauté,
qui peut être considérée comme un atout, peut tout
aussi bien conduire l'instrument à sa perte. L'orgue des
Thierry (fin XVIIe s. et 1730) a bien changé...
Au fil des décennies,
tous les plus grands facteurs de France s'y sont illustrés, apportant
chacun leur touche personnelle, si bien que cet instrument constitue finalement
une oeuvre collective.
On a surtout retenu l'intervention de
Cavaillé-Coll en 1864. Pour preuve, l'instrument et le facteur sont
indissociables dans les esprits, bien que, là, Cavaillé-Coll
n'eût pas les crédits pour une complète reconstruction.
Les travaux de restauration de la cathédrale menés par Viollet-le-Duc(17)
engloutissaient des sommes colossales, et le manque d'argent obligea l'architecte
à réduire le budget pour la reconstruction du grand orgue.
Cavaillé-Coll fut alors prié de réutiliser le matériel
ancien -de fort belle facture, il va sans dire !- et de rester sobre
dans la conception du nouvel orgue. L'orgue passa de ~50 à 86 jeux(18)
(dont ~25 réemplois).
Par la suite, la sauvegarde du Cavaillé-Coll sembla être
privilégiée. Cependant, difficile de concilier la sauvegarde
et la vocation première de ce monument qui était d'incarner
un reflet de la facture contemporaine.
D'où les quelques inévitables mises au goût
du jour au cours du XXe s. C'est ainsi que sous l'impulsion de
l'éminent Cochereau l'orgue fut dans les années 1960 électrifié et
complété(19)
pour atteindre les 109 registres, faisant de cet
orgue le plus grand de France(20).
Et c'est sans conteste cet homme qui donna
à l'orgue de Notre-Dame son aura internationale. Aura déjà
nationale et européenne grâce au talent de ses titulaires(21).
Malgré les transformations et les controverses, un magnifique
et fabuleux instrument qui aujourd'hui encore sonne de manière admirable
avec puissance et couleur, servi par l'acoustique exceptionnelle -il
faut le souligner- de la cathédrale.
Quelques pages lui sont consacrées :
sur
le site de la Cathédrale*
(Attention: ce site fait planter Netscape),
sur
la Route des Orgues (historique, composition et photos)*,
sur "Les Orgues"
(composition et photos de la console)*,
au
Québec (historique détaillé, composition et photo)*,
une
carte postale, et des photos
ici,
et là...
- l'orgue Jordi Bosch de Santanyi de
Majorque [Mallorca] aux Baléares.
Cet orgue, l'un des deux seuls de ce facteur qui soient arrivés jusqu'à nous,
fut construit en 1762 et possédait alors 3 claviers (il n'en subsiste que
deux aujourd'hui). Il a été restauré par Gerhard Grenzing.
«This instrument should be compared on quality, originality of (original)
conception, and sound the equal of any of the above mentioned organs in your website.
[Cet instrument peut prétendre à égaler
en qualité, originalité de conception,
et sonorité les orgues mentionnés plus haut dans votre site.]» Sa composition
et un bref historique,
petit
texte et photo (en milieu de page)-la version française mérite un coup d'il !*-,
un disque (photo et historique).
- l'orgue de l'église d'Eloyes(Vosges).
construit par GEORGES (1865) de Besançon.
12 jeux, 2 claviers + pédale accrochée 18 notes
restauration : 1996 C. GUERRIER Ce charmant instrument possède un site
tout aussi charmant.
- le Midmer-Losh 1931 du Convention Hall à
Atlantic City, New Jersey, Etats-Unis.
«very big but an amazing instrument!» Un monstre sacré : 450 rangs, près de 33.000 tuyaux(22)!
On le sait, les Américains ont un goût
prononcé pour le gigantisme, et c'est donc aux States qu'on trouve
le plus grand orgue du monde. D'ailleurs nombreux y sont les orgues qui surpassent
en nombre de tuyaux leurs homologues européens. Une grande partie d'entre eux
date du premier tiers du XXe siècle ; seule une économie
florissante soutenue par une industrie de plus en plus productive pouvait permettre
à de tels instruments de voir le jour.
Aujourd'hui, la taille titanesque de l'ACCHO
est devenue un lourd handicap : son entretien est particulièrement coûteux,
si bien qu'il ne fonctionne que partiellement.
Beaucoup de pages sur lui :
un site officiel avec plein de photos et des enregistrements,
une page avec description et composition,
une autre enrichie de photos,
sa traduction française* et
la composition accompagnée d'un commentaire sur la situation actuelle[...] Si l'ACCHO est le plus grand orgue du monde en nombre de tuyaux, il ne faut pas
oublier le gigantesque instrument du Wanamaker Store de Philadelphie, Pennsylvanie,
construit vers 1904 et agrandi jusqu'en 1930. Celui-ci ne compte "que" 30.000 tuyaux
mais sur 475 rangs (une vingtaine de plus que celui d'Atlantic City)(23).
Pour celui-là :
le site officiel avec composition et photos et
une page comprenant composition et historique complet.
- l'orgue de la Collégiale St-Martin de
Colmar. C'est l'histoire d'une résurrection...
L'instrument construit par Jean-André Silbermann en 1755 dans un buffet
très proche de celui de St-Thomas de Strasbourg (1741) dut céder sa
place en 1911 à un gros instrument symphonique électro-pneumatique
de 90 jeux, alors le plus grand orgue d'Alsace, ne réemployant qu'une
centaine des tuyaux originels et les buffets.
En 1976, plutôt que de restaurer cet orgue médiocre, il fut
décidé de le reconstruire. « Le peu qu'il en restait n'imposait
nullement aux responsables de la paroisse St-Martin qui a financé toute
l'opération de reconstituer l'esthétique sonore du 18ème siècle.
», écrit l'abbé J.-M. Feltin. C'est ainsi que les buffets restaurés
ont accueilli en 1979 un instrument de style 17ème nord-allemand -à la
Arp Schnitger-, construit par la maison suisse Orgelbau Felsberg que dirige Richard Freitag,
et harmonisé par Jean-Marie Tricoteaux.
Pour en savoir plus :
sa page
sur les orgues d'Alsace* et
le site
de l'Union Sainte-Cécile* qui propose dans sa section "Editions sonores"
un CD enregistré sur cet instrument (on y trouve un extrait,
composition et historique*).
Quelques compléments :
photo et description de l'orgue de St-Thomas de Strasbourg
sur cette page* et
cette autre* ;
et la dernière création Freytag et Tricoteaux à
Béthune*.
- l'orgue Arp Schnitger de Cappel, Allemagne.
«Cet orgue révélé il y a près d'un demi-siècle
par H. WALCHA et depuis un peu oublié est vraiment superbe.» Construit en 1680 (24)
pour l'église St-Jean de Hambourg, déménagé
au début XIXe à Cappel, cet instrument nous est parvenu quasiment
dans son état d'origine (25).
Cet orgue est caractéristique de la facture nord-allemande et de l'esthétique
Schnitger, avec ses plans sonores complets et
distincts, sa riche pédale, la franchise d'attaque des tuyaux, l'équilibre des couleurs...
En voici
la composition et l'historique,
accompagnés là de photos
(site dédié à Arp Schnitger)
qu'on peut retrouver plus nombreuses et en grand format sur
cet autre site.
- l'orgue de l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Losne(Côte-d'Or).
Orgue de Bénigne BOILLOT (1725-1795), réalisé de 1765 à 1768.
2 claviers (Positif & Grand-Orgue de 50 notes: C-D à d''' sans Ut#1)
et pédalier de 18 notes (C-Ao-D - f), 24 jeux.
«Un instrument d'une poésie sublîme, si chantant, l'un des trois seuls
orgues restants de Boillot, de très loin le mieux conservé des trois, quasi
dans son état d'origine de 1768...non "encore" "restauré"... Que faire, quelle
responsabilité !
N.B: le buffet est une exquise réplique, en "petit-Huit-pieds" du grand buffet de
Seize pieds de Michel Devosges abritant l'Orgue de Karl-Joseph RIEPP à Dole (distante
de 15 km).
Par ailleurs, Bénigne BOILLOT, né à Nuits-St-Georges, était
un élève et disciple de Dom BEDOS lui-même... ce qui se voit et s'entend
ici !»
«Une merveille je vous dit, un bijou émouvant et si chantant que ce bel
instrument trop méconnu encore !» m'écrit Pierre-Emmanuel Vaudiaux.
Devant tant d'enthousiasme, on ne peut que se hâter de visiter
cette page*
et jeter un oeil sur la composition* !
- l'orgue Aubertin 1990 de St-Louis de Vichy. L'instrument de 47 jeux sur 3 claviers et pédalier au fameux
Napoléon 32' est un des plus grands orgues de style nord-germanique
construits en France, le second pour être précis (1 jeu de moins que
celui de la collégiale de Colmar).
Cette tribune doit une grande part de sa célébrité à
la discographie impressionnante de son talentueux titulaire.
Une page avec photo et composition* et
le site d'Olivier Vernet*.
- l'orgue Gérard Bancells 1991-1994 de la chapelle Ste-Claire de
l'Institut Catholique de Toulouse.
27 jeux, deux claviers ; mécanique très agréable, harmonie fine. A un peu souffert du feu d'artifice offert gracieusement
par AZF au toulousains l'automne dernier.»
La description et une photo de cette belle création sur
le
site du Festival Toulouse les Orgues*,
le
site de J.-B. Dupont* et encore
une jolie photo.
- l'orgue de l'église de l'abbaye bénédictine de la
Paix Notre-Dame à Liège, Belgique. Construit en 1736-37, cet orgue est le premier instrument conservé
du grand facteur liégeois du XVIIIe s., Jean-Baptiste Le Picard.
A voir et entendre sur le superbe site
"L'Orgue entre Belgique et France"*.
- l'orgue Cattiaux 2000 de la Basilique St-Rémi de
Reims. 43 jeux sur 3 claviers et pédalier dans un élégant buffet accroché en
nid d'hirondelle au milieu de la magnifique nef de la basilique. On trouve composition et
photo sur cette jolie page*.
- l'orgue Botzen 1698 - Andersen 1965 de l'église Notre-Sauveur
[Vor Frelsers Kirke] de Copenhague, Danemark.
« Buffet ancien superbe magnifiquement photographié par Ohbayashi à orgel.com[2 photos + petit historique en milieu de page].
Instrument pivot de l'ancienne intégrale Bach de Michel Chapuis (quand je pense qu'il aura
fallu 25 ans et l'avènement d'internet pour que je puisse découvrir visuellement cet orgue qui
avec Chapuis a enchanté ma jeunesse d'apprenti-organiste notamment les chorals de
Leipzig).
Après la firme Marcussen, c'est surtout P.G.Andersen qui est régulièrement intervenu
sur cet instrument.», finoskov.
Sa composition et
un dossier complet (histoire, composition, symbolisme du décor...).
- Athènes, Grèce.
7 claviers construction 1873 magnifique décoré de feuilles d'or et de bleu.» Malheureusement pas plus d'informations sur cette merveille.
- l'Aubertin 1996 de Vertus. Très caractéristique de ce qu'on pourrait appeler l'esthétique Aubertin,
c'est sans conteste l'une des plus belles créations de la manufacture de Courtefontaine.
A son sujet : une photo et des liens vers les pages qui lui sont consacrées,
et un beau CD,
La Route des Orgues vol. 1 : L'Orgue
Aubertin de Vertus, Olivier
VERNET, Ligia Digital,Lidi 0104043-96, enregistrement
1996
- Clermont dans l'Oise. Apparemment rien sur cet orgue sur la Toile, pour l'instant.
- l'orgue Pierre Petit-Falaize de l'Abbatiale de Lagny sur Marne(Seine-et-Marne). 3 claviers, pédalier.
- l'orgue "Renaissance" du triforium de la cathédrale de Metz. Buffet remontant à l'orgue 1537 de Jehan de Trèves,
reconstitution par Marc Garnier en 1981, orgue de 10 jeux sur 2 claviers.
« Pour vous convaincre, allez à Metz (de plus, la cathédrale est fantastique),
on y donne régulièrement Scheidt, Sweelinck...» M'y étant rendu plusieurs fois, je réponds qu'effectivement c'est magique !
Le moins que l'on puisse dire c'est que ce petit orgue a du coffre : il remplit sans peine l'immense
vaisseau gothique de St-Etienne. Ses sonorités, portées par la très belle
acoustique du lieu, sont envoûtantes, et puis il y a le piquant du mésotonique...
Un avant goût de tout ceci est disponible sur
la Route des Orgues de France*.
- l'orgue Schnitger de St. Ludgeri à Norden, Allemagne. Orgue de Arp Schnitger, 3 claviers, pédale, 46 registres, Renaissance - Baroque.
« l'un des plus beaux, par la couleur des timbres, la poésie et la pureté,
qu'il m'ait été donné de toucher.» confie Didier Merelle.
Sur cet instrument, au buffet très particulier d'ailleurs :
une
page complète riche en photos dont certaines tirées de
cette autre.
- l'orgue Cavaillé-Coll de la cathédrale de Luçon(Vendée). Construit pour l'Exposition Universelle de 1855, cet instrument est « un remarquable et
rare témoin de la "première manière" du grand organier [...]. Il nous est parvenu dans
un parfait état de conservation, et l'harmonisation d'origine, scrupuluseument respectée, n'a
pas été affectée par les modifications apportées lors de la grande restauration
de 1967 des Établissements SCHWENKEDEL. »(26) Photos,
historique et composition sur le site des Orgues de Vendée*,
un dossier complet avec des extraits
sonores sur le site de Benoît Pupin*,
photo
et composition sur le site Orgel.com. A noter que le clavier d'Euphone n'a jamais reçu
le moindre jeu, pas même un Euphone 8' ! Ce clavier n'accueillit un sommier qu'en 1967.
- Guimiliau(Finistère).
Thomas Dallam, 1677/80, 3 claviers et pédalier à la française, restauration Gérald Guillemin 1989.
« C'est le plus bel orgue : j'en suis l'organiste !» m'écrit Michel Cocheril.
Pour plus de détails, voir cette page.
- le grand Clicquot 1790 de la cathédrale de Poitiers(Vienne). Voici l'un des plus célèbres orgues historiques de France. Dernier chantier du grand facteur
François-Henri Clicquot (dernier représentant de la fameuse lignée des organiers rémois
et aussi dernier facteur à avoir honoré le titre de "Facteur d'orgues du Roy"),
cet instrument marque la fin d'une époque : c'est le dernier grand classique français.
Un testament pour la postérité ?
On serait tenté de le croire car, fait remarquable (surtout pour un orgue
de cathédrale), ce chef-d'uvre a échappé à
toute mutilation ou dénaturation grave,
si bien qu'aujourd'hui on peut admirer une authentique et flamboyante incarnation de
l'apogée de la facture classique.
De l'avis d'un organaute chanceux : « Une composition vraiment complète.
Un ensemble attachant dont on ne peut plus se passer une fois que l'on y a goûté !» Je donnais déjà quelques liens au milieu de cette page, liens
auxquels il faut ajouter deux récents sites incontournables : celui de
l'Association François-Henri Clicquot*
et celui de Jean-Baptiste
Robin, le titulaire*, dans lequel on trouve un article très intéressant sur
l'édifice sonore Clicquot. D'ailleurs, je recommande son excellent CD :
Louis MARCHAND, L'uvre pour Orgue, Jean-Baptiste
ROBIN, Triton, TRI 33118, enregistrement 2001
- le Cavaillé-Coll 1882-1885 de l'Abbaye-aux-Hommes
[Abbatiale Saint-Etienne] à Caen(Calvados).
50 jeux
plans par Thiémann (mécanicien maison)
1ère mise en harmonie : Félix Reinburg
2ème mise en harmonie : Joseph Koenig
« Orgue symphonique qui remplace le grand plein-jeu du XVIIIème
(le plus grand du royaume...)
Le grand mérite du Maître-facteur fut de réussir
la mise en résonance dans un lieu qui est un joyau de l'art roman
d'inspiration lombarde, mais dont l'acoustique est des plus capricieuses.
L'ensemble est unique et restitue à merveille les grandes pièces
de Franck, Widor, Vierne, Dupré, Messiaen...
Ses jeux d'anches ou de fonds sont majestueux et n'ont d'égal
que la noblesse de son tutti de plénitude.
Sa restauration récente n'a pas trahi la cohérence originelle
qui a toujours été le souci premier de ses responsables.
C'est une merveille !
Classé monument historique dans sa totalité, il est parmi
les toutes premières réalisations du plus grand facteur du
XIXème siècle.»christian-z.
Vous trouverez
photo,
historique et composition sur le site de l'abbatiale* et également
3 improvisations
du titulaire, Alain Bouvet,
sur le site "Aristide Cavaillé-Coll, facteur d'orgues" du Ministère de la Culture*.
:
- l'orgue de la cathédrale
Saint-Bénigne de Dijon(Côte d'Or).
Grand-Orgue construit par Karl-Josef Riepp (1745), restauré par Jean Richard (1795),
Ducroquet (1847) et Merklin (1860). Dernière restauration de 1989 à 1995 par le
facteur allemand Gerhard Schmid (Kaufbeuren).
L'orgue possède 72 jeux, répartis sur 5 claviers (positif de dos, grand-orgue et bombarde,
Récit expressif, Récit et Echo) et pédalier.
Site internet: www.orguecathedraledijon.com Voir aussi les compositions successives dans la base Osiris.
- l'orgue de l'église Ste-Croix de
Saint-Malo(Ille-et-Vilaine).
Aristide Cavaillé-Coll, construit en 1885, 3 claviers et pédalier, 37 jeux,
classé Monument Historique. La composition est ici.
Quelques résultats :
Depuis la création du formulaire le 4 décembre 1999,
il y a eu une centaine de votes.
La variété est au rendez-vous comme vous avez pu en juger.
Dans le tableau suivant sont regroupées les merveilles qui ont
reçu plusieurs voix.
localisation
facteur
votes
Rouen,
St-Ouen
Cavaillé-Coll
7
Poitiers, cathédrale
Bordeaux, Ste-Croix
Clicquot
Dom Bedos/Quoirin
5 5
Paris, St-Eustache
Dudelange (Luxembourg)
Auxerre, cathédrale
Atlantic City, Conv. Hall (USA)
Chartres, cathédrale
Clervaux (Luxembourg)
Dole, collégiale
La Porta
Liège, St-Jacques (Belgique)
Lyon, St-François-de-Sales
Metz, cathédrale
Norden, St-Ludgeri (Allemagne)
Roskilde, Domkirke (Danemark)
Santanyí (Majorque)
Tokyo, Metropolitan (Japon)
Van den Heuvel
Stahlhut/Jann
Oberthür
Midmer-Losh
Danion-Gonzales
?
Riepp/Callinet/Stiehr/Hartmann
Marracci
Schumacher
Cavaillé-Coll
Garnier
Schnitger
Marcussen & Son
Bosch
Garnier
4 3 3 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
Les visiteurs de cette page étant pour l'essentiel
des francophones (si si !), on ne s'étonnera pas de cet engouement pour les orgues
français, belges et luxembourgeois.
A côté de ces votes, j'ai reçu des
réponses apparemment hors sujet mais non sans intérêt ;o)
autres
merveilles
glockenspiel
japon, mount Fuji
st loup de varennes, lavoirs
alsace